À Labé, une nouvelle page s’ouvre pour les droits des filles et la lutte contre les violences basées sur le genre. L’ONG E-Éducation Citoyenne vient de lancer officiellement son projet phare : la Maison de la Jeune Fille, un espace sûr, inclusif et participatif pensé pour protéger, écouter et autonomiser les jeunes filles et femmes de la région.
Ce projet s’inscrit dans le programme Feminist Opportunities Now (FON), financé par l’Agence Française de Développement (AFD) et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, mis en œuvre par un consortium international piloté par la Fédération Internationale pour la Planification Familiale (IPPF).
L’initiative est portée localement par E-Éducation Citoyenne, une organisation engagée depuis plusieurs années dans la promotion des droits humains, la citoyenneté et la justice sociale.
Un espace de protection et d’autonomie
La Maison de la Jeune Fille se veut un refuge mais aussi un tremplin. Elle accueille, oriente et forme les jeunes filles survivantes ou à risque de VBG. L’espace comprend une salle d’écoute psychosociale, une unité médico-sociale, une salle de formation technique, un mini-studio pour la production de podcasts et de contenus de sensibilisation, ainsi qu’un espace numérique en cours d’équipement.
L’objectif est double : offrir un cadre sûr pour la prise en charge et l’accompagnement, et permettre une autonomisation économique et citoyenne des bénéficiaires.
Les activités prévues vont des formations professionnelles à la création de clubs scolaires anti-VBG, en passant par des campagnes médiatiques, des rencontres féministes et le développement d’une plateforme numérique de suivi et de coordination entre acteurs locaux.
« 𝙇𝙚 𝙥𝙧𝙤𝙟𝙚𝙩 𝙣𝙚 𝙧𝙚𝙢𝙥𝙡𝙖𝙘𝙚 𝙥𝙖𝙨 𝙡𝙚𝙨 𝙨𝙩𝙧𝙪𝙘𝙩𝙪𝙧𝙚𝙨 𝙚𝙭𝙞𝙨𝙩𝙖𝙣𝙩𝙚𝙨, 𝙞𝙡 𝙡𝙚𝙨 𝙘𝙤𝙢𝙥𝙡𝙚̀𝙩𝙚. 𝙄𝙡 𝙘𝙧𝙚́𝙚 𝙙𝙚𝙨 𝙥𝙤𝙣𝙩𝙨 𝙚𝙣𝙩𝙧𝙚 𝙡𝙚𝙨 𝙨𝙚𝙧𝙫𝙞𝙘𝙚𝙨 𝙨𝙤𝙘𝙞𝙖𝙪𝙭, 𝙡𝙚𝙨 𝙚́𝙘𝙤𝙡𝙚𝙨, 𝙡𝙚𝙨 𝙝𝙤̂𝙥𝙞𝙩𝙖𝙪𝙭, 𝙡𝙖 𝙟𝙪𝙨𝙩𝙞𝙘𝙚 𝙚𝙩 𝙡𝙖 𝙨𝙤𝙘𝙞𝙚́𝙩𝙚́ 𝙘𝙞𝙫𝙞𝙡𝙚 », explique Thierno Loughoumana Diallo, Directeur Exécutif de l’ONG.
Une mobilisation collective à Labé
La cérémonie de lancement, organisée au siège de l’ONG à Konkola, a rassemblé une large diversité d’acteurs : autorités locales, représentants de l’administration, organisations féministes, leaders communautaires, médias et jeunes engagés.
Les discours ont mis en avant une volonté commune : faire de la Maison de la Jeune Fille un centre de référence local, un lieu de coordination et d’innovation sociale.
Les interventions des invités ont particulièrement marqué les esprits :
« 𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒄𝒊𝒕𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒂̀ 𝒍’𝑶𝑵𝑮 𝑬-𝑬́𝑫𝑼𝑪𝑨𝑻𝑰𝑶𝑵 𝑪𝑰𝑻𝑶𝒀𝑬𝑵𝑵𝑬 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒄𝒆 𝒑𝒓𝒐𝒋𝒆𝒕 𝒑𝒓𝒐𝒎𝒐𝒕𝒆𝒖𝒓, 𝒑𝒍𝒆𝒊𝒏 𝒅’𝒆𝒔𝒑𝒐𝒊𝒓. 𝑵𝒐𝒖𝒔 𝒆𝒔𝒑𝒆́𝒓𝒐𝒏𝒔 𝒒𝒖𝒆 𝒄𝒆𝒔 𝒅𝒊𝒇𝒇𝒆́𝒓𝒆𝒏𝒕𝒆𝒔 𝒂𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏𝒔 𝒑𝒓𝒆́𝒔𝒆𝒏𝒕𝒆́𝒆𝒔 𝒊𝒄𝒊 𝒔𝒆𝒓𝒐𝒏𝒕 𝒎𝒆𝒏𝒆́𝒆𝒔 𝒂̀ 𝒃𝒐𝒖𝒕. 𝑳𝒂 𝑫𝒊𝒓𝒆𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒔𝒆 𝒎𝒆𝒕 𝒂̀ 𝒗𝒐𝒕𝒓𝒆 𝒅𝒊𝒔𝒑𝒐𝒔𝒊𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒄𝒐𝒐𝒓𝒅𝒐𝒏𝒏𝒆𝒓 𝒆𝒏𝒔𝒆𝒎𝒃𝒍𝒆 𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒄𝒕𝒊𝒗𝒊𝒕𝒆́𝒔 𝒂𝒇𝒊𝒏 𝒒𝒖𝒆 𝒍𝒂 𝑴𝒂𝒊𝒔𝒐𝒏 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝑱𝒆𝒖𝒏𝒆 𝑭𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒇𝒐𝒏𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏𝒏𝒆 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒉𝒂𝒊𝒕𝒆́ 𝒆𝒕 𝒓𝒆́𝒑𝒐𝒏𝒅𝒆 𝒂𝒖𝒙 𝒃𝒆𝒔𝒐𝒊𝒏𝒔 𝒅𝒆𝒔 𝒃𝒆́𝒏𝒆́𝒇𝒊𝒄𝒊𝒂𝒊𝒓𝒆𝒔. »
Direction Préfectorale de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables (DPPFEPV)
Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée – Antenne Labé
« Merci à E-ÉDUCATION pour cette initiative et ce beau projet. D’ailleurs, ce n’est pas aujourd’hui que nous avons découvert votre organisation : votre ex-Directeur, feu Abdoul Baldé, était un élément incontournable dans la lutte contre les VBG en Guinée, particulièrement à Labé. Votre organisation nous a formées plusieurs fois dans le domaine numérique, mais aussi sur la SSR et les VBG. Nous espérons que la nouvelle équipe poursuivra dans ce sens. Ce magnifique projet contribuera à la prévention et à la lutte contre les VBG. Cependant, puisque vous avez parlé d’appui psychosocial, je voudrais savoir s’il y a des personnes formées pour cela, car c’est un domaine très sensible et complexe. »
Direction Préfectorale de l’Éducation (DPE)
« Félicitation à l’ONG E-ÉDUCATION CITOYENNE pour cette belle initiative. Le projet Maison de la Jeune Fille prend en compte non seulement les filles scolarisées, mais aussi celles qui ont abandonné l’école ou n’ont jamais été scolarisées, et qui sont trop souvent oubliées. Certaines souhaitent reprendre les cours mais se heurtent à des obstacles inexplicables qui freinent leurs ambitions. Nous espérons que cette initiative permettra de reconsidérer leur situation.
Nous participons souvent à ce genre d’événements où beaucoup est dit et promis, mais qui se traduisent rarement par des résultats concrets. Nous souhaitons que ce projet soit différent et qu’il apporte des réponses réelles. Nous reconnaissons l’ONG E-ÉDUCATION CITOYENNE comme une référence dans la lutte contre les VBG, et nous savons qu’elle a déjà œuvré positivement dans les écoles. L’idée de dupliquer l’espace sûr dans les établissements scolaires est excellente. Nous soutiendrons cette initiative et restons à votre entière disposition. »
Représentante de la DPE/Labé
ONG Sabou Guinée
« Nous tenons à rendre hommage à feu Abdoul Baldé, dont l’engagement sans faille pour la cause des filles restera gravé dans les mémoires. Nous sommes rassurés de constater que, malgré sa disparition, l’ONG poursuit ses actions avec la même détermination et continuité. Nous réitérons nos félicitations pour ce projet qui redonne espoir à toute la communauté. »
Solidarité Suisse Guinée
« Nous félicitons E-ÉDUCATION CITOYENNE pour ce projet ambitieux. Notre organisation dispose déjà d’un dispositif similaire d’espace sûr et nous sommes ouverts à développer une synergie d’action afin de mutualiser nos efforts pour une meilleure protection des filles et jeunes femmes. »
Un modèle pour l’avenir
Au-delà d’un simple espace, la Maison de la Jeune Fille veut devenir un modèle local durable.
L’ONG prévoit d’intégrer le projet dans les plans de développement locaux pour en assurer la continuité, tout en explorant un modèle économique hybride grâce au futur centre numérique.
Une plateforme locale de collecte et d’analyse de données sur les VBG est également en préparation, afin d’améliorer la coordination entre les structures sociales, sanitaires et judiciaires.
Ce lancement n’était pas seulement une cérémonie, mais le point de départ d’un mouvement collectif.
À travers la Maison de la Jeune Fille, E-Éducation Citoyenne et ses partenaires posent un geste fort : celui de croire en une société où les filles ne sont plus réduites au silence, mais écoutées, accompagnées et libres.
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Mohamed Diallo pour e-citoyenne.org
